Une Frenchie au Pays des Kiwis : Retour sur la coupe du monde 2011

Une Frenchie au Pays des Kiwis : Retour sur la coupe du monde 2011

Aude a eu la chance de partir en Nouvelle-Zélande lors de la coupe du monde de rugby en 2011. Elle partage avec nous aujourd’hui son carnet de voyage et ses magnifiques photos. Enjoy !

L’arrivée

Après des grèves de douanes en Australie et un vol retardé de quatre heures, me voilà enfin arrivée à Auckland. Ici on ne parle que rugby, et à peine installé, on se lance déjà dans des pronostics plus ambitieux à chaque verre, toujours avec le sourire. De toutes façons, notre hôte ne voyait pas vraiment la France comme un réel danger (et oui, cette fois Chabal ne jouait pas!!). Mais pour tout « kiwi », entendez par là habitant de Nouvelle-Zélande, la bête noire est l’Australie, équipe qu’ils ne veulent absolument pas voir remporter la coupe, qui plus est sur leur propre territoire.

Après une courte nuit, direction la gare pour attraper le Scenic Train qui relie Auckland à Wellington; dix heures de train avec un seul stop de plus de deux minutes, une journée bien longue! Mais sans regrets, sous un grand ciel bleu, on voit une multitude de paysages défiler, plus beaux les uns que les autres : montagnes enneigées, collines verdoyantes avec ses troupeaux de moutons, forêts, rivières… Chaque minute une nouvelle carte postale. Etant photographe de profession, je ne peux m’empêcher de passer la moitié de la journée sur une plateforme du train à l’extérieur pour prendre des clichés, secondée par un local qui m’indique les passages et points de vues à ne pas louper. La nuit tombe et on arrive enfin à Wellington, où se dérouleront les matchs de rugby auxquels nous assisterons.

 

On est à la veille du match France/Tonga, et ça y est, je commence à réaliser l’ampleur de l’évènement et un certain patriotisme m’envahir, en grande partie grâce à tous ces français que l’on entend dans les rues! Tant et si bien qu’une opération « relooking » s’impose; donc direction boutique d’accessoires. Et enfin, à la recherche d’un pub pour suivre le rugby (Afrique du Sud/Samoa).

 

Le Pub

L’avantage d’être de ce côté de l’hémisphère, c’est de pouvoir regarder les matchs quasiment tous les soirs au pub!

Très bonne ambiance sur place, les trois quarts sont français à l’intérieur. A coup de coude on se fraye un chemin jusqu’à l’écran télé, puis de nouveau jusqu’au bar. Je n’ai jamais mis autant de temps pour ramener trois bières! A chaque pas, un français, donc à chaque pas une discussion, une rencontre; tous types de gens, de Danny et Patoche de Biarritz, au supporter qui a pris un package de deux semaines pour suivre les matchs sur place, en passant par celui qui bossait dans la même boîte que moi trois ans auparavant (et oui, le monde est petit!); des phrases du genre « Tu viens d’où? St-Jean-de-Luz, Biarritz… De Paris?? Bah, c’est pas grave t’es française, viens j’te paye un coup! ». La distance et la situation aidant (plus le fait d’être une femme qui aime le rugby..) on avait cette ambiance rugby conviviale où tout le monde parle avec tout le monde, facilement et simplement.

 

France/Tonga

Première rencontre de rugby à laquelle j’assiste en coupe du monde! Levée tôt, je suis impatiente mais le match n’est qu’à 18h, ce qui nous laisse du temps pour se balader en ville et prendre la température. Petit déjeuner sur le port, un tour au Fanzone (sorte de village du Tour de France version rugby), achat d’une écharpe All Blacks (en prévision du lendemain, et parce qu’il fait froid!!). Le long de la jetée, une centaine d’images de l’histoire du rugby et des grands moments sont posées au sol, chacune accompagnée d’un commentaire d’anciens joueurs ou coachs. Les photos de plaquages succèdent aux images de joueurs en sang, aux levées de coupe des champions… ça y est, on est dans l’ambiance. Pendant ce temps, le XV de France passe derrière nous, petit moment détente avant le match?

Très vite les rues de Wellington virent à la couleur bleue, les supporters français investissent la ville. Des têtes de coq, des schtroumpfs, des supermans avec la cape mais sans le slip, svp!… et ils ont la côte! Les gens sourient en les voyant, les complimente sur leur costumes, prennent des photos avec eux… De toutes les nationalités présentes lors de la coupe, les français étaient de loin ceux qui se prenaient le pus au jeu! Attention, je ne dis pas ça par fierté ou parce que je suis française, les locaux étaient les premiers à confirmer.

Je suis le mouvement et mets ma perruque, ma soeur me dessine des drapeaux français sur les joues; je suis prête! Retour au Fanzone où c’est devenu l’euphorie. Plein de petits groupes à droite à gauche : Toulousains, Bretons, Parisiens, supporters de club… tous avec leurs grands étendards; c’est à qui chantera le plus fort « La lutte finale »! Je pose fièrement avec un petit garçon, accompagnée de ma soeur et son béret 1664…

 

11  Et en route pour le stade, soit 30 minutes de marche, car vu la nuée de monde, c’est le plus rapide. Tout du long les bleus chantent, alternant chants basques et hymnes de rugby; piquant même le micro à des animateurs néo-zélandais pour entonner la Marseillaise, et tout le monde suit en coeur. Impossible de ne pas se sentir bien!

En arrivant au stade, deux bonnes surprises : la première, la bière est à environ trois euros les 33cl; la seconde, on est à ….10 rangs de la pelouse!!! Et comme j’ai pu passer mon téléobjectif au contrôle des sacs et que la journée est ensoleillée, je suis aux anges.

Le stade se colore en bleu, la France étant très largement représentée. Arrivée des joueurs sur le terrain, on assiste tout béat au Haka des Tonga, et ça y est le match commence! L’ambiance bat son plein, les supporters sont excités, ils crient, se lèvent, rient… et le score devient très vite notre ennemi. La France étant menée, les visages sont peu enjouées à la mi-temps, mais tout est encore possible, du moins c’est ce que tout le monde se répète.

Reprise du match, chaque minute devenant plus stressante, les spectateurs plus énervés qu’encourageant, ce qui ne changera rien à l’histoire. Comme vous le savez, les Tonga ont gagné la rencontre, et il faut être honnête, ils méritaient plus cette victoire que la France. Le réel point négatif (parce qu’on se doutai malgré tout que la France serai qualifiée!), c’est qu’avec un stade rempli de bleu, seulement six ou sept joueurs ont fait le tour du terrain pour saluer les supporters, ce qui a bien sûr provoqué des huées de colère et de déception.Et peut-être une séparation annoncée entre le XV de France et le public.

Le retour en ville fût bien calme, on traîne des pieds et on pense au pub où on va aller pour oublier ce math. Je croise quelques habitants des Tonga qui me sourient en voyant mes drapeaux bleu-blanc-rouge sur les joues, et me disent « Sorry, see you next time! ». Et on termine la soirée devant Angleterre/Ecosse.

 

Nouvelle-Zélande/Canada

Nouvelle journée, nouveau match. Cette fois c’est du noir et blanc dans toute la ville, et pour cause, les All Blacks affronteront les Canadiens dans l’après-midi. Après la défaite de la veille, on se dit qu’il y a peu de chances d’être déçue par ce match-là quand on soutient les Kiwi!

J’ai sorti mon écharpe All Backs pour me fondre au mieux dans la foule. A la manière anglo-saxonne, la marche vers le stade est beaucoup plus sobre et disciplinée. On croirait aller à la messe, car malgré le calme ambiant, on ressent le respect et la ferveur des locaux; et comparer le rugby à une religion pour eux n’est pas un euphémisme. Mais une fois dans le stade, les Kiwis sont plus expressifs. Scandez « All Blacks » en boucle avec un stade rempli et votre coeur fera des bonds dans votre poitrine à la même cadence, c’est impressionnant. Et alors rajoutez à ça le Haka et vous êtes dans un autre monde!

Le match se déroule sans grande surprise, les canadiens se défendent plutôt bien. A chaque essai marqué par les All Blacks, on peut entendre résonner dans le stade « Paint it black » des Rolling Stones. Dans la multitude noire, deux supporters canadiens devant nous luttent comme ils peuvent, criant à plein poumon « CA-NA-DA! », ce qui leur vaut bien des sourires de compassion et une nouvelle supportrice , ma soeur, trop peinée pour les « bûcherons ».

Le match se finit comme on s’y attendait, victoire écrasante de la Nouvelle-Zélande. Les canadiens ont droit à plusieurs poignées de main compatissantes. Et le retour en ville est toujours aussi calme qu’à l’aller, si ce n’est plus. Mais il reste encore un match qui se joue ce soir, alors direction le pub, évidemment!

 

Le Pub, encore !

C’est Irlande/Italie, je suis donc en toute logique retournée au pub irlandais. La porte d’entrée passée, je suis noyée dans le vert, et autant vous dire que les italiens ne sont pas conviés. A peine la place de bouger, j’arrive au bout de quelques minutes (et beaucoup de sourires!) à me placer en hauteur sur un bord du comptoir pour apercevoir l’écran télé. Les gens crient, ou plutôt hurlent, rient, insultent l’arbitre, se moquent de l’équipe italienne. L’ambiance s’éloigne davantage de l’esprit « rugby ».

A la mi-temps des jeunes d’une quinzaine d’années nous font tout un spectacle avec des danses traditionnelles irlandaises. Les gens encouragent en tapant des pieds et des mains, ils se croient au pays. Ça c’est la mi-temps à l’irlandaise. Les pintes sont levées à chaque instant, et donc la bière renversée constamment, ce qui baptise l’ambiance d’une odeur de malt, d’orge et de houblon!

L’Irlande finira par remporter ce match avec un essai de dernière minute qui après trois tentatives finit par payer.

La couleur des rues a changé, on passe au vert! Couleur de l’espoir pour nos bleus…?

 

Voilà ma dernière nuit à Wellington ; mais une chose est sûre maintenant, ça ne sera pas ma dernière coupe du monde de rugby!

 Crédit: Aude Alcover

Ecrit par Sandrine

Passionnée par les voyages, le sport et mes chiens. J'écris aussi sur les livres et pleins d'autres trucs sympas. J'aime les sorties, les rencontres, bref la vie... et les talons. Je blogue aussi un peu sur blogosports.com Mon plus grand rêve est de faire le tour du monde.

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